
Voilà deux textes que j'avais écrits pour les marionnettistes. En réalité, il s'agissait d'une réécriture complète de l'histoire. Vous avez là le chapitre 1 et le début du chapitre 2 inachivé. Finalement, je n'ai pas repris ces textes dans le roman. Peut-être le seront-ils un jour? Car je les aime beaucoup, mais ils ne peuvent s'intégrer à l'histoire pour le moment.
C'était l'hiver.
Mon corps gisait au milieu d'un champ de glace. Quelques flocons se déposaient sur ma chair avec délicatesse, pour ne plus devenir qu'eau au contact de mes lèvres. Une nausée aussi violente qu'enivrante s'était emparée de mon être. Je voyais le ciel s'élancer dans une danse frénétique. C'était un jour à l'effigie de l'agonie. Pourtant, en moi rayonnait une lueur incandescente. Ce feu ardent ne cessait de croître, bien que de mon cadavre n'émanait plus qu'un souffle éteint.
Mais d'où ce brasier s'attisa? Aurais-je reçu un premier présage de ta personne, ce jour-là? Je ne pouvais plus mourir. La douceur que ces perles gelées accordaient à mon corps se métamorphosa bientôt en une douleur intense. Le froid s'infiltra en moi à l'image d'un insecte infâme. Je ne me sentis capable que d'une chose: hurler. Un long cri aigu brisa le silence, il détonna à travers ces allées blanches, pour finalement s'écraser dans cet univers opalin.
Je me hâtai alors vers ma demeure. Mes jambes crispées me retardant quelque peu. Ma chevauchée fut cependant courte, et c'est haletante que j'arrivai chez moi. Je détestais cet endroit aux allures de prison de conscience. Mais je sentais la mort frôler mon âme. Cette sensation m'effraya, bien que quelques heures plus tôt, mon corps sombrait lentement vers les abîmes d'un sommeil sans réveil.
J'avais en cette journée une année supplémentaire. Mais qu'importait ce jour, puisqu'il avait, encore une fois, été abandonné dans l'oubli. Je me faufilai alors dans mes couvertures après m'être déshabillée rapidement. Je ne souhaitais plus avoir à subir ce froid humide, collant à ma peau comme une abominable sangsue.
Je voulus pleurer, jusqu'à n'en plus pouvoir, jusqu'à ce que mon corps s'assèche. Mais je ne le pus. Cette étincelle ressentie quelques instants auparavant m'imbibait d'espoir, réchauffant cet organe qui pourrissait en moi, mon coeur. Je me plongeai alors dans mes pensées, me glissant lentement au creux des bras de Morphée.
J'étais dans un léger état de somnolence quand un bruissement me parvint. Un souffle léger qui transperça les cloisons de ma cellule, ma chambre. Je tendis l'oreille afin d'analyser ce chuchotement, me levai tout en me laissant guider par cet air romantique qui chatouillait mon âme. J'arrivai devant le placard, sous l'escalier.
Au pied d'une petite porte en bois, je distinguai avec surprise une boite à musique qui semblait avoir entendu nombres pleurs d'enfants, refusant le sommeil et craignant les noirceurs d'une nuit. Je dus même balayer les quelques grains de poussière et toiles d'araignées qui décoraient cet instrument. Sous mes doigts se distingua peu à peu une gravure dorée. "Aeden". Je lâchai alors l'objet de stupeur et le repris aussitôt. Je l'éteignis et le rangeai.
Il chanta toute la nuit




Mon corps était empreint d'une certaine lassitude quand mes yeux s'ouvrirent. Une lumière ensoleillée caressait avec délicatesse le plancher en chêne massif, tout en laissant apparaitre un jeu de reflets sur ma longue chevelure ébène. Je laissai glisser mes jambes hors de mes draps, frôlant de mon pied nu un sol quelque peu froid.
Mes yeux s'écarquillèrent soudain. Dans la lueur d'un rayon, je distinguai alors l'objet qui me berça la nuit durant. Cet instrument mystérieux, dont la mélodie ne cessait jamais, chanta à nouveau lorsque mes yeux le rencontrèrent . Je le retournai alors, scrutant l'usure, examinant sa mécanique, faufilant mes doigts squelettiques à travers sa chair de bois. Il y eut quelques sursauts, mais sa cacophonie n'en fut nullement stoppée. Cet objet se jouait de moi, s'amusait de mon espoir vain de le voir un jour se taire.
Il y eut alors un impact, un crissement aigu, comme une lamentation de désespoir. Il s'était interrompu, sa dépouille demeurant à mes pieds. Ses entrailles avaient dissimulé quelque chose que jamais encore je n'avais pu voir. Un bijoux d'une beauté effrayante, troublante, accaparante.
Il y eut une étincelle lorsque ma peau frôla ce pendentif.









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